Méditation de Pâques 2024 — Manrèse, centre spirituel jésuite en Ile-de-France

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Méditation de Pâques 2024

Manrèse - samedi 30 mars 2024

"Qui nous roulera la pierre ?"

Mc 16 1-7

 

Jésus de Nazareth vient d’être exécuté. Tout Jérusalem est sur le qui-vive, surtout les autorités qui craignent une réaction violente de la part des disciples. 

« De grand matin, le premier jour de la semaine, elles se rendent au tombeau dès le lever du soleil. » Des femmes inoffensives, elles ne constituent pas une menace. Faibles, il n’y a pas de risque de soulèvement avec elles. Insignifiantes, leurs paroles sont sans influence. D’ailleurs, elles ne viennent que pour embaumer le corps de Jésus. Les parfums qu’elles apportent ne risquent pas de devenir des armes, et elles n’auront pas la force pour escamoter le corps.

Ces femmes sont sans pouvoir, mais pas anéanties de culpabilité par la mort de Jésus. Elles n’avaient aucun pouvoir pour l’empêcher, et pas davantage pour un coup d’éclat. Elles ne portent pas en elles un esprit de revanche – elles n’en n’ont pas les moyens. Plutôt, elles sont habitées par la charité, la miséricorde, envers cet homme Jésus qu’on vient de faire mourir sur la croix, et dont le corps est laissé sans soin dans un tombeau à cause du sabbat.

« Qui nous roulera la pierre pour dégager l’entrée du tombeau ? »

Une question terre-à-terre, dans l’instant présent. Pas « Qui prendra la relève de Jésus ? » Pas « Comment renverser les responsables, les romains ? » Pas « A qui la faute ? » Pas « Qu’est-ce qu’on aurait dû faire ? » Pas « S’il est le messie, comment a-t-il pu mourir ? »

Toutes ces questions laissent au second plan une réalité très concrète : un homme, un ami est mort après avoir beaucoup souffert ; son corps en porte encore les meurtrissures. Son corps qui n’est pas simplement une chose, une enveloppe de peau, de muscle et d’os, juste parce qu’il est mort. Mais un corps qui rappelle son humanité bienveillante, miséricordieuse, patiente, divine… qui a aimé comme Dieu peut aimer dans un cœur d’homme. C’est donc ce corps de Jésus qui occupe tout l’esprit des femmes et dont elles veulent prendre soin.  

« Qui nous roulera la pierre… ? » Une question qui est dans leur faible pouvoir, à leur mesure. Et en même temps la question la plus importante pour elles sur le moment. Celle que posent pour elles l’amitié, l’attachement au Christ.

« Levant les yeux, elles s’aperçoivent qu’on a roulé la pierre, qui était pourtant très grande. »

Alors que les autres questions apparemment si importantes – la libération du peuple, les responsabilités, la mort du messie – restent en suspens, cette question qui semble en comparaison insignifiante, – une grande pierre à rouler – elle, trouve réponse… Et s’ouvre sur cette nouvelle incroyable, qui serait autrement restée enfermée au tombeau :

« Vous cherchez Jésus de Nazareth, le Crucifié ? Il est ressuscité : il n’est pas ici. »

Nous vivons dans une époque trouble, tourmentée, secouée par des violences de toutes sortes, des doutes, des désillusions, et on entend dire à longueur de journée : « Où est-il ton Dieu ? » Il n’est pas dans ces manifestations bruyantes, impressionnantes. Sa présence, sa Résurrection se reconnaît dans le fin silence du « premier jour de la semaine » de chacune de nos vies, où nous allions vers lui, portés par le désir ardent, pressent, de lui être fidèle. De mettre en pratique son commandement dans l’humble quotidien, malgré nos limites, nos faiblesses.

Chercher à être « fidèle dans les petites choses » fait discerner en nous la pierre à rouler, nous fait espérer que cette pierre qui fait obstacle soit roulée. Et nous ne serons pas déçus. Qu’en ce matin de Pâques et dans les jours qui viennent nous sentions en nous le signe du Premier jour de la semaine : la pierre est roulée, Jésus de Nazareth, le Crucifié, est ressuscité ! Il nous précède en Galilée, auprès des foules, dans les villes et les villages, dans les campagnes. Pour se réjouir avec ceux qui sont dans la joie, pleurez avec ceux qui pleurent, pour guérir, relever, pardonner, consoler, apaiser, réconcilier.

En Galilée d’hier, d’aujourd’hui et de demain, dans le lointain et là où nous sommes, Jésus le Nazaréen nous précède. Il nous appelle à être ses mains, ses pieds, sa bouche, ses yeux, ses oreilles, pour être les membres de son corps. Il nous appelle à annoncer et à témoigner en paroles et en actes de la Bonne Nouvelle : le Royaume des cieux est là, il est vivant.

Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité !

Clément Nguyen,sj, Directeur du Centre Manrèse

 

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