Homélie de la vigile pascale — Manrèse, centre spirituel jésuite en Ile-de-France

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Homélie de la vigile pascale

Mc 16 1-7

Cette scène d’évangile nous plonge dans une atmosphère de pénombre. Elle se passe au lever du jour, donc pour nous maintenant dans quelques heures à peine - d’ailleurs je ne sais pas si les contemporains de Jésus étaient aussi concernés par le changement d’heure. Bref, nous sommes aux toutes premières lueurs d’un jour tout particulier.

 

Un jour tout particulier notamment pour les 3 femmes que nous voyons, Marie-Madeleine, Marie, Salomé. 3 femmes en deuil, qui ont connu Jésus, qui l’aiment, et se dirigent au petit matin vers son tombeau pour embaumer son corps.

Imaginez-les, ces femmes. Elles sont probablement sonnées, groggy, écrasées par leur peine. Mais elles font ce qu’elles ont à faire, elles s’apprêtent à poser ces gestes ancestraux du soin des corps, que leurs mères ont posés avant elles.

3 femmes, qui vont vers Jésus, en portant dans leurs mains la myrrhe. Ça vous rappelle quelque chose ?

Peut-être un autre épisode, 33 ans plus tôt, avec 3 hommes, 3 rois mages :

dans la nuit, 3 hommes apportaient des présents à l’enfant nouveau-né, et s’ouvraient au mystère de l’incarnation.
ce matin, 3 femmes apportent de la myrrhe pour embaumer le corps du Christ, et s’ouvrir au mystère de la résurrection, au travers de plusieurs surprises.

 

D’abord, elles voient que la pierre qui fermait le tombeau a été roulée, mystérieusement.

Ensuite, voilà que dans ce tombeau, elles ne trouvent pas le corps de Jésus mort, mais elles sont accueillies par un jeune homme vêtu de blanc. J’ouvre une parenthèse : je vous invite à prier pour toutes les personnes qui ce soir vont revêtir le vêtement blanc et recevoir le baptême.

Et que leur dit-il, ce jeune homme ?

“Ne soyez pas effrayés !”

Ne soyez pas effrayés ? Sérieusement ? Je vous redonne le contexte : on est au milieu de tombeaux, encore dans la pénombre, et on voit dans un tombeau un type mystérieux que personne ne connaît et qui a l’air très tranquille.

Objectivement, il y a toutes les raisons d’être effrayées. En tout cas, moi, je l’aurais été à leur place.

En fait, cette scène pourrait être le début d’un film d’horreur, il y a pas mal d’ingrédients réussis. Sauf que…

Vous connaissez la règle absolue des films d’horreur américain ? Soit le film d’horreur lambda, un groupe d’étudiants passe un week-end dans une maison isolée, sans savoir qu’elle a été construite sur un ancien cimetière indien, ils entendent des bruits bizarres à l’extérieur, Shirley dit “je vais voir ce qui se passe !” et, spoiler alert, Shirley ne reviendra jamais. Si vous vous retrouvez un jour dans un film d’horreur américain ou dans une maison isolée sur un ancien cimetière indien : ne sortez jamais, et ne vous séparez jamais du groupe !

Mais ici c’est tout l’inverse qui se passe. L’homme vêtu de blanc dit aux femmes de ne pas être effrayés, et il les envoie vers la ville, il les encourage à sortir, et la vie, le salut, est à l’extérieur, n’est pas dans ce tombeau à présent vide.

Que ce soit bien clair : la peur n’est pas mauvaise en soi, c’est grâce à la peur qu’on est en vie. Elle est toujours un signal à prendre en compte. Elle est mauvaise quand elle prend toute la place, quand elle nous enferme ou nous paralyse. Il peut aider de la voir comme une pièce, celle-là par exemple.

Il y a le côté de la peur, le côté pile.

Mais de l’autre il y a le côté face. C’est le côté du désir, de ce qui nous tient à coeur et nous met en mouvement.

Exemple : 

Cet étudiant en médecine, qui a peur de ne pas bien y arriver.

Ce qui est en jeu, c’est son désir d’être un bon médecin. A lui de voir ce qu’elle peut faire aujourd'hui pour se rapprocher de ce désir qu’il porte.

Autre exemple :

une jeune religieuse qui doit commenter l’évangile de la vigile pascale pendant une halte spirituelle à Manrèse, et qui a peur de tomber à côté, de dire des bêtises, de ne pas être assez qualifiée.

Ce qui est en jeu, c’est son désir de suivre le Christ et de permettre à l’assemblée de se rapprocher de Lui. Donc à elle de commencer par se confier au Christ, et de prendre le temps de prier cet évangile, de le méditer, d’être éclairée par lui.

Dieu nous parle par nos désirs. Alors soyons-y attentifs.

 

Revenons au tombeau, avec les 3 femmes et le jeune homme vêtu de blanc. Il envoie les femmes porter aux disciples la Bonne Nouvelle, la bonne nouvelle inouïe de la résurrection “Jésus vous précède en Galilée, vous le verrez, comme il vous l’a dit.” “Comme il vous l’a dit”.

Dieu nous parle, il parle à son peuple et à chacun d’entre nous personnellement et d’une façon unique. Dieu nous parle, Dieu est fidèle et Dieu tient ses promesses. A nous de creuser notre oreille, de nous mettre à son écoute, de recevoir la promesse qu’il nous fait et de la voir éclore dans notre vie, à la façon surprenante dont Dieu a le secret.

Appuyez-vous sur le roc de la Parole que Dieu vous donne. Lisez-la, méditez-la, savourez-la. Et gardez trace, notez, gardez mémoire des merveilles que le Seigneur fait dans votre vie. Toutes ces notes, toutes ces stèles de mémoire de la présence de Dieu vont peu à peu constituer la tapisserie, la symphonie, le tableau, la danse unique que le Seigneur crée avec vous.

 

Les rois mages étaient présents dans la nuit, à la naissance de Jésus.

Les trois femmes étaient présentes dans sa vie, et le rejoignent au tombeau.

Je nous souhaite à chacun d’être les rois mages, les saintes femmes, les disciples d’aujourd'hui, de 2024, qui se mettent en route pour être au plus près du Christ, et être envoyés par Lui au monde.

Ne soyons pas effrayés.

Allons annoncer au monde la bonne nouvelle du Christ ressuscité.

Allons voir, servir, aimer, dans ce monde, le Christ qui nous précède, comme il nous l’a dit.

Amen

 

Sr Juliette PLOQUIN

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