Quarante jours dans le désert, quarante nuits
Pour éprouver notre faim de lumière.
Dieu vivant, donne-nous ta Parole !
Quarante jours avec l´Esprit, quarante nuits
Pour te crier notre soit d´infini.
Dieu d´amour, montre-nous ton visage !
Tout un exode avec Jésus, la vie entière
Pour marcher sur les sentiers de l´Inconnu.
Dieu sauveur, conduis-nous vers la Pâque !
(Claude Bernard)
Le carême, un temps favorable (2 Corinthiens 6, 2) oui, mais à quoi, dans la crise que nous traversons ? Une crise terrible, sur le plan sanitaire d’abord, pour ceux qui sont atteints par le virus et pour leurs proches, mais aussi relationnellement, du fait de la nécessité de réduire toutes les interactions sociales ; avec également des conséquences sociales et économiques graves pour tant de personnes et d’entreprises de notre pays. Nous-mêmes, avons fermé ce dimanche 15 mars le Centre spirituel Manrèse, jusqu’à nouvel ordre.
Dès lors, à quelle conversion sommes-nous invités, dans notre marche vers Pâques ? Il nous revient de chercher une réponse, celle que Dieu attend, espère. Réponse personnelle, réponse communautaire aussi, car ces questions prennent une couleur nouvelle, inédite, en ces jours. Laissez-vous réconcilier (2 Corinthiens 5, 20), et aussi, revenez au Seigneur de tout votre cœur (Joël 2, 12). Nous avons entendu ces appels avec force le mercredi des cendres. Qu’en avons-nous fait depuis l’entrée en carême ? Et maintenant que la crise est là, quel relief, quelle urgence ces paroles de l’Ecriture prennent-elles ?
Eprouver notre faim de lumière, marcher sur les sentiers de l’Inconnu propose l’hymne liturgique qui ouvre cet éditorial. Nous présentons à Dieu notre faim de santé et de relations, nous lui confions ces sentiers où nous nous engageons avec toutes celles et ceux qui sont atteints sur notre terre par cette pandémie. Nous les portons et les porterons dans nos prières.
Il s’agit de « se préparer aux fêtes pascales dans la joie d’un cœur purifié » (première préface du carême). Joie et combat sont là et vont être là, au quotidien, sous une forme ou sous une autre. Chaque matin, une phrase peut nous éveiller et donner la direction : « les yeux fixés sur Jésus-Christ, entrons dans le combat de Dieu ». Le chemin du Christ nous tourne vers Jérusalem et la Passion.
A Manrèse, nous essayons d’être un désert qui permette aux retraitantes et retraitants de vivre un temps à l’écart, à part, pour chercher Dieu et se laisser trouver par lui. Ce désert va être clairement dépeuplé dans les temps qui viennent. Nous allons mettre à profit ce temps pour envisager l’avenir, à la lumière de Pâques.
Dans cette lettre, vous trouverez deux homélies qui peuvent accompagner votre marche, nourrir votre réflexion. Dans ce temps d’incertitude, nous pouvons aussi puiser dans les trésors de la spiritualité ignatienne pour aller à la rencontre du Seigneur, accueillir son esprit de force et de paix, recueillir les signes de sa venue dans ma vie bouleversée. L’application Prie en Chemin, qui propose un podcast de 12 minutes, est une ressources précieuse, tout comme les pistes de prière proposées par Vers Dimanche.
Nous vous partageons aussi ce que nous devenons. Vous verrez comment nous essayons de nous ajuster, pour servir de façon toujours plus vraie. Dans des locaux rénovés et un accompagnement spirituel qui s’approfondit. Tout cela prépare l’avenir.
« Les yeux fixés sur Jésus-Christ, entrons dans le combat de Dieu ». Bonne marche vers Pâques. Avec de jeunes adultes invités pour les Jours saints nous envisagions de fêter la Résurrection. Nous laissons l’invitation en ligne. Nous allons avancer jour après jour. La manne, au désert, n’est-elle pas donnée que pour le jour suivant (Exode 16) ?
Père Paul Legavre sj, directeur de Manrèse